L'Epopée de Gilgamesh, rédigé à la période paléo-babylonienne, à partir de la compilation de plusieurs récits sumériens mettant en scène son héros,
est l'oeuvre majeure de la civilisation mésopotamienne. Ce texte a connu un succès phénoménal dans tout l'Orient Ancien, et a été traduit en plusieurs
langues (Babylonien, Assyrien Hittite, Hurrite). Il s'agit d'une oeuvre glorifiant le héros Gilgamesh, mais aussi d'une réflexion sur la vie, sur
l'illusion de la vie éternelle, et une oeuvre pronant le bon sens (un carpe diem version babylonienne en quelque sorte).
C'est l'histoire de Gilgamesh, roi d'Uruk, véritable tyran, et de ce fait assez mal vu de ses sujets. Ceux-ci se plaignirent
du traitement qu'il leur infligeait à Anu, le maître des dieux, qui ordonna à la déesse génitrice Anunu de créer un être capable de s'ériger en rival
du despote. Elle donna ainsi naissance à Enkidu, un être rustre vivant dans la steppe avec les animaux sauvages, loin de la civilisation, ignorant de tout,
ne sachant pas parler.
Grâce à sa grande force, il déjoua les pièges d'un des chasseurs du souverain d'Uruk, qui n'eut alors plus de quoi gagner sa vie. Il alla s'en plaindre
à son souverain, lui demandant de trouver une solution à ce problème. Gilgamesh décida donc d'envoyer une prostituée à la rencontre du sauvage, pour
le charmer et l'initier à la civilisation. Celle-ci partit avec le chasseur, et n'eut aucun mal à réussir sa mission. Enkidu, séduit par la jeune fille,
s'était détourné à jamais de la steppe, et était rejetté par les animaux dont il partageait auparavant la vie. Il n'eut donc d'autre choix que de suivre
la prostituée à Uruk, pour rencontrer Gilgamesh, et enfin laisser le chasseur en paix. Comble de l'ironie, c'est lui qui va défendre des pasteurs
rencontrés en chemin contre les bêtes sauvages.
Arrivé à Uruk, il est accueilli en héros par les habitants, qui voient en lui un opposant à Gilgamesh. Ils le comblent de présents et d'attentions, et
ont vite fait de l'envoyer combattre le tyran. Le combat à lieu dans les rues de la ville. La bataille dure jusqu'à l'épuisement des deux protagonistes,
de force égale. Plutôt qu'un adversaire, Gilgamesh va vite trouver en Enkidu un ami, et à la fin du combat les deux géant se lient d'amitié, oubliant
leur différent. Gilgamesh devien donc le maître d'Enkidu, et à eux deux ils sont prêts à accomplir tous les exploits possibles, tels de véritables héros.
Gilgamesh, animé par la volonté d'accomplir des exploits dignes des plus grands héros, entraîne Enkidu dans une expédition périlleuse : il s'agit de
se rendre à la Forêt des Cèdres (le Liban actuel), pour y défier le redoutable gardien des lieux, le géant Humbaba, et pouvoir couper les arbres
de la forêt. Avec l'aide de Shamash, le dieu du soleil, ils pénètrent dans les lieux, et commencent à abattre des arbres, lorsque le géant les surprend,
et engage le combat. Après un long combat, les deux héros terrassent Humbaba grâce une nouvelle fois à l'aide de Shamash. Gilgamesh peut alors
ramener la tête du géant à Uruk en guise de trophée.
Ces exploits ont attiré l'attention des dieux, et plus particulièrement celle d'Ishtar, la déesse de l'amour, qui a jetté son dévolu sur Gilgamesh.
Mais le roi d'Uruk repousse les avances de la déesse, en lui rappellant le sort funeste qu'ont subi ses précédents amants. Offensée, celle-ci
demande à son père Anu, le plus grand des dieux, d'intervenir. Il lui accorde l'aide du Taureau Céleste qu'il envoie dévaster Uruk et tuer Gilgamesh.
Mais le héros et son acolyte vont déjouer ses plans en tuant le monstre. Ils vont même pousser l'offense jusqu'à jetter à la face d'Ishtar, qui a
assisté au combat impuissante depuis les remparts de la ville, la cuisse de l'animal sacré.
Cette fois-ci, les deux héros ont dépassé la limite tolérée par les dieux, qui décident de se venger de manière imparable : peu de temps après, Enkidu
apprend en songe que l'un des deux compagnons va mourrir. Ce sera finalement lui, et il décèdera après une terrible agonie devant son ami impuissant.
Fortement marqué par cette mort, Gilgamesh érige une grande statue en l'honneur d'Enkidu, et proclame une période de deuil dans sa cité. Ayant pris
conscience de la mort qui le menace lui aussi, le roi d'Uruk décide de chercher un moyen de vivre éternellement. Il se rend vite compte que sa route ne
le mène que vers un seul homme : Ut-napishtim, seul être humain s'étant vu accordé la vie éternelle par les dieux avec sa femme.
Parti pour un long voyage, il rencontre les terribles hommes-scorpions, qui terrifient le commun des mortels, tue des lions venus l'attaquer.
Il franchit des montagnes, parvient à la route du soleil qui le mène au bosquet sacré où il rencontre des dieux (qui changent selon la version).
Il arrive ensuite chez la cabaretière Siduri, demeurant au bord de la mer. A l'écoute du récit du héros, elle lui conseille dans une des répliques
les plus célèbres de l'oeuvre d'oublier sa quête et de plutôt profiter de sa vie. Mais, devant l'insistance de Gilgamesh, elle lui indique où trouver
Ur-shanabi, le nocher d'Ut-napishtim, qui l'aide à franchir les eaux de la mort, pour parvenir à l'île où réside l'immortel, à l'écart du monde.
Ut-napishtim n'est cependant d'aucun secours pour Gilgamesh. Après avoir fait le récit du Déluge, et de la manière dont il est devenu immortel,
c'est ce que l'immortel annonce au héros. Pour prouver à ce dernier l'impossibilité de sa quête, il le met au défi de ne pas dormir. Gilgamesh,
harassé après tous ces périples, ne résiste pas, et s'endort. S'il ne peut éviter le sommeil, comment pourra-t-il éviter la mort ? Cependant,
Ut-napishtim va indiquer au roi d'Uruk l'endroit où il pourra trouver une plante qui lui rendra sa jeunesse. Le héros va la chercher au fond de la mer,
mais ne s'en sert pas de suite, préférant l'essayer à son retour à Uruk sur un vieillard pour vérifier son efficacité. Mais sur le chemin qui le ramène
chez lui, alors que Gilgamesh se délasse dans un bain, un serpent s'empare de la plante. Il ne reste plus au héros qu'à revenir bredouille à Uruk,
avec le nocher Ur-shanabi, et d'appliquer les préceptes de Siduri et d'Ut-napishtim.